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Elle témoigne pour les Rawas lotois et les autres victimes de guerre

Par MARIE CHANTAL MARQUIE, publié le lundi 3 février 2020 14:50 - Mis à jour le lundi 3 février 2020 14:50
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Publié le 02/02/2020 La Dépêche du midi

En 1940, 1 850 000 Français sont prisonniers en Allemagne. Ils sont dirigés dans des stalags ou des oflags pour les officiers. Dans ces camps, on leur laisse croire que la guerre ne va pas durer, qu’ils vont être libérés. En 1942, l’évasion d’un général lève les hésitations des officiers. "À partir d’avril 1942, les évasions vont se multiplier. Ils ne veulent pas se soumettre à l’Allemagne nazi. Les Allemands vont prendre la mesure de ce que ça peut être et vont placarder le fait que s’évader n’est plus un sport. Les prisonniers savent ce qui les attend. S’ils sont pris, ils seront punis. Malgré cela, environ 23 000 soldats français vont récidiver dans le sabotage et l’évasion. Mon père en a fait trois", témoigne Claudine Landes. Son père c’est Georges Lavergne, 100 ans, dernier interné résistant de Rawa Ruska, décoré de la Légion d’honneur le 24 janvier.

En 1942, il a été envoyé dans le camp de Rawa-Ruska, en Ukraine, situé tout près de plusieurs camps d’extermination, dont Belzec, Sobidor, Auschwitz. "Ils voyaient passer des convois des juifs, ont été les témoins de la Shoah par balles. Le premier convoi de Rawa est parti le 13 avril 1942. Dans ce camp, ils ont remplacé les Soviétiques, 18 000 venaient de mourir de faim, du typhus. Ils étaient parqués dans d’anciennes écuries, sans chauffage, ni électricité, ni eau. Mon père est arrivé à la forteresse de Lemberg".

En 2003 lors de son retour dans le camp pour l’inauguration du mémorial, il témoignera, confiera avoir piégé des rats pour améliorer l’ordinaire. Les prisonniers étaient soumis à des travaux forcés dans les carrières, sur des voies ferrées, dans les forêts. "Pour garder un brin de leur humanité, ils ont créé des amicales départementales. Ils s’étaient promis de continuer à faire vivre cette amicale s’ils revenaient. Je suis la présidente du comité du Lot des amicales de Rawa Périgord- Quercy, du Lot-et-Garonne. Lorsque je suis allée à Rawa en 2003 avec mon père, j’ai compris ce qui s’était passé. J’ai retrouvé des documents. Mon père n’en avait jamais parlé à ses filles. J’ai souhaité qu’y ait une trace dans le Lot, qu’il soit reconnu. Le 14 avril 2018, le préfet a dévoilé une plaque à Lacapelle-Marival. Suite à cette cérémonie il a souhaité lui remettre la Légion d’honneur. Je n’aime pas la formule devoir de mémoire, je lui préfère la transmission des faits", confie Claudine Landes. Dans le prolongement, un professeur du lycée Louis-Vicat à Souillac lui a demandé de participer à un projet d’un mémorial. "Il implique deux classes du bac général, deux du bac technique. Le projet est porté par l’établissement. Un artiste Edgar Cappelin est actuellement accueilli en résidence". Dans ce lycée, Claudine Landes a donné une conférence, avec des témoignages du passage de la division Das Reich à Bretenoux entre autres. Elle a également évoqué la déportation de Jacqueline Berheim, réfugiée juive à Cahors, dénoncée, gazée à Auschwitz, à l’âge de 6 ans, la remise à titre posthume de la médaille des Justes à Esilda Arnouil, une Cadurcienne qui avait sauvé un jeune juif, la déportation d’un Marivalois Giuseppe Vicentini en 1944. Dans les mois à venir, le mémorial conçu à Louis -Vicat sera posé à Cahors, dans un lieu qui reste à déterminer.

      

Marielle Merly